La course aux grades

Publié le par shojinkan

 

Beaucoup de pratiquants, jeunes ou moins jeunes, partent à la chasse aux grades. Une question se pose : Pourquoi ? Se sentent-ils plus grands ou plus forts avec un grade supérieur ou est-ce juste simplement l’envie de détenir le grade tant convoité qu’est par exemple, la ceinture noire ? Cela pourrait-il démontrer qu’acquérir le grade supérieur résulterait juste d’un acte matérialiste de convoitise ? Comme si acquérir une ceinture supérieure n’avait plus de valeur morale et philosophique ?

 

Mesure-t-on la grandeur d’un homme ou d’une femme par son grade, ou par la couleur de son kimono ? Non, mais par la grandeur positive de ses actes et de ses pensées. Néanmoins, on en vient à constater, que beaucoup voudraient brûler les étapes. Nous oublions bien souvent de prendre en compte que les Arts Martiaux sont un enseignement, qui demande de la rigueur, de la patience et de l’entraînement et qu’une montée en grade signifie que nous avons acquis de l’expérience, que notre travail et notre persévérance sont reconnus par nos supérieurs.

 

Pourtant, nous pouvons constater que certains pratiquants nous parlent de valeurs propres aux Arts Martiaux, mais qui, au final ne les appliquent pas. Mais que valent les mots ou les pensées si les actes ne suivent pas ? Car cette envie d’évoluer trop vite, de pratiquer avec un esprit individualiste ou de compétition, n’est pas que montante, elle est aussi ascendante.

 

Il ne faut pas oublier que les Arts Martiaux ne sont pas qu’une discipline sportive à proprement parler, mais qu’ils sont aussi une philosophie. Dissocier ces deux aspects viendrait à nous diviser, nous entraînant alors dans une voie orpheline de notre moitié. « Le keiko gi », ou « l’habit blanc » est blanc car c’est une couleur qui symbolise la pureté, l’unification du corps et de l’âme.

 

Alors, ne vaudrait-il pas mieux mettre de coté notre narcissisme et accepter nos différences, en l’occurrence, ici, à travers nos grades, qui nous informent simplement sur notre niveau d’évolution, et mettre justement cette différence à profit et apprendre de chacun ? Car nous avons toujours à apprendre de quelqu’un, qu’il soit supérieurement gradé ou non.

 

Cette montée en grade ne doit donc pas être considérée comme une chose matérielle mais comme une voie passant par la patience, le respect et le travail harmonieux de tous nos sens. Laissons notre ego de coté et lançons-nous consciencieusement sur le chemin de l’harmonie positive entre pensées et actes, dans la recherche de la perfection de notre Art Martial, en repoussant nos soi-disant limites, toujours plus loin. Car comme le dit ce diction « il vaut mieux être une excellente ceinture blanche, qu’une piètre ceinture noire ».  

 

Ne serait-il pas bon d’instaurer une conscientisation plus grande aux élèves, dès leur initiation aux Arts Martiaux, en leur donnant la possibilité de découvrir tous les aspects et les différentes pratiques qui composent cette discipline.  Apprendre à pratiquer correctement mais également à connaître la philosophie et l’histoire des Arts Martiaux. Et réapprendre peu à peu ce que signifient des mots comme rigueur, patience, persévérance et respect.

 

Arnaud Lejeunekamiza-ueshiba1.jpg

                                               (Maitre Uesbiba)

 

 

NB: Paru dans la revue UBeA

Publié dans Divers

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